À l’heure où je dois commencer à écrire mon dossier pédagogique, en vue de notre contrôle à la fin de ce mois, pour mes 2 dernières, Miss M (14 ans, 3°) et Miss k (11 ans, 6°), j’avoue que la presse de ces deux derniers jours ma laisse un goût un peu amère en bouche.
Si vous êtes passés à côté, je ne sais pas si c’est mieux ou pas, pour vous, mais le cas échant, voilà de quoi il en retourne !
La 6° tremplin (ici et là), et ailleurs très certainement, la presse française, venant de découvrir que les élèves arrivent au collège, ne maitrisant pas ou peu la lecture et les maths. Pourtant, depuis de nombreuses années, il est un fait avéré que 20% des élèves entrant en 6° ont des problèmes.
Il semblerait qu’après toutes ses années, le Ministère est décidé de tenter vaguement un truc, avec une douzaine collège participant à l’opération, qui propose quelques heures de soutien à une dizaine d’élèves. Grand bien fasse à cette poignée d’élèves, le Ministre a visiblement ajouter que ça serait étendu à l’échelle nationale à la rentrée prochaine, wahou, je sors les cotillons et je fête ça.
Mais, y a-t-il quelque chose à célébrer là-dedans ?
En 2020 on recensait 5.300 collèges publics en France, à raison de 10 élèves en difficultés en 6° (ce qui me paraît assez peu comme chiffre), on arrive quand même à 53 000 enfants qui arrive avec des lacunes au collège (fourchette basse). Si je fais un rapide calcul, à la rentrée 2022, il y avait 3.399.700 collégiens, en divisant par 4 on a approximativement le nombre de 6ème, soit 849 925.
Si je compte à présent 20% d’élève ne maitrisant pas la lecture, on obtient 169 985. Comme c’est approximatif, je pense que la vérité se trouve entre 100 000 et 150 000 enfants.
Mais de quoi il en retourne ?
Les articles le décrivent bien. Des enfants qui peinent à lire, une moyenne de 53 mots/minutes en septembre, qui arrivent à 103 mots/min aujourd’hui !
A titre informatif, voilà les moyennes en fin d’année
- fin de CE1 : 70 mots/min
- fin de CE2 : 90 mots/min
- fin de CM1 : 110 mots/min
- fin de CM2 : 130 mots/min
Comment un enfant, et je ne parle bien que d’un enfant et pas de 100 000, peut décemment rentrer au collège en ayant un niveau en lecture de cp ?
Comment avec seulement 1h par semaine, ou tous les 15 jours, ça peut suffire ?
Comment réussir à suivre des cours en Maths, histoire, sciences… avec un niveau qui ne permet pas de comprendre ce qui est écrit ?
À moins de n’avoir que de l’oral dans les cours, c’est-à-dire d’avoir des classes intégralement adaptées aux difficultés de ces enfants ? Mais, ce n’est pas le cas, ils sont réunis sur la tranche de midi pour un atelier, ne me dites pas que c’est suffisant ! Et si ça pêche en lecture, ça pêche en compréhension, mais en écriture aussi, du geste graphique à la grammaire et l’orthographe, il est utopique de croire qu’un enfant écrira parfaitement alors qu’il ne sait pas lire !!!
Comment ces enfants ont-ils pu traverser 5 années de primaire et en sortir dans cet état-là ?
Comment le Ministère peut-il encore faire des économies (compter 6000€ par enfants en primaire), en ayant supprimé le redoublement ?
Les difficultés ne sont arrivées en passant la porte du collège, elles se sont accumulées tout au long du primaire. Quand on imagine que les programmes ont été fortement réduits, qu’ils ne sont en plus jamais terminés, mais si on ajoute le retard de ces enfants, je suis désolée de le dire mais
- non seulement il est impossible à rattraper
- leur niveau est qualifié d’ALARMANT
Ces dispositifs sont ce qu’ils sont, et tant mieux pour les enfants qui en bénéficient mais je ne vois pas en quoi on devrait s’en réjouir, bien au contraire. Chaque parent devrait au contraire porter plainte contre l’éducation nationale pour :
- non-assistance à enfant en instruction »
- défaut d’instruction
- mise en danger intellectuelle
Le Ministre devrait être couvert de honte en parlant de cela, celui-ci n’est pas responsable à proprement parler mais s’il ne fait rien, il le sera dans 5 ans.
dans l’article de la Nouvelle république, c’est pire encore , le Minsitre annonce :
Le collège « est la priorité, parce que nous avons des évaluations à l’entrée en 6e qui sont problématiques », a déclaré Pap Ndiaye. Selon les dernières évaluations nationales, 27 % des élèves n’ont pas le niveau attendu en français et près d’un tiers en mathématiques.
27 % , oui vous avez bien lu