Elle faisait face à sa seconde dépression, et comprenait seulement aujourd’hui que ce qu’elle avait enduré il y a 25 ans, en était déjà une.
Elle était bien moins violente à l’époque, peut-être parce que elle était plus jeune, plus en forme, moins abîmée par la vie !
C’était différent cette fois, plus douloureux, bien plus violent, à la dépression s’ajoutait un stress post-traumatique, la prenant au piège dans une bulle temporelle. Revivant inlassablement les mêmes moments , ceux gravés en elle à travers une douleur indescriptible.
Elle avait conscience du chemin qu’elle allait emprunter, savait qu’elle était assez forte pour le parcourir , tout comme elle savait qu’elle allait se perdre à un moment.
Il lui fallut plusieurs mois pour totalement s’écrouler, comme la première fois, sans faire trop de bruit, sans déranger personne (enfin presque) !
Quelques personnes , restées dans les parages, lui murmurèrent à l’oreille combien elle était forte quand elle n’y croyait plus . Ils avaient raison : elle était forte, elle aussi avait raison, puisqu’elle s’était bien perdue en route.
Tout n’était que fatigue, douleur, stress, larmes ,etc … Elle savait comment réagir, que la seule façon de tenir était d’engourdir son cerveau. L’empêcher de réfléchir, d’aller là, où c’était trop douloureux, le maintenir dans un brouillard paisible.
Cela fonctionnait mais c’était tout autant épuisant, cela la vidait !
10 mois de ce régime psychique , l’avait démolie, elle n’avait plus de sommeil réparateur, perdu une partie de sa capacité à réfléchir. Son cerveau,tellement engourdi , qu’elle avait à présent du mal à l’utiliser, du moins de façon prolongé.
Elle ne pouvait avoir que de courtes interactions avec ses semblables,avant d’être totalement vidée de ses forces.
Fatiguée en permanence, c’était le mot que ses enfants avaient entendu le plus au cour des derniers mois. Vidée et vide, plus de projet, plus d’envie, plus d’espoir , elle était seule.
Cette solitude l’emplissait, la submergeait, tantôt la noyant, tantôt s’y habituant .
Elle avait attendu en vain, qu’on vienne pour elle, une épaule, une main, des bras qui l’enserrent et la protègent de toute cette douleur. Mais rien, elle s’était retrouvée seule avec elle-même (pas la meilleure compagnie qui soit).
Ses vieux démons étaient de retour, elle s’effaçait, redevenait invisible, n’attendait plus rien des autres,d ‘elle, de personne.
Ses yeux ne pétillaient plus comme autrefois, maintenant quand ils brillaient ce n’était que parce qu’ils étaient emplis de larmes. Un mot, une fleur, un souvenir, quelques notes de guitare, pour un rien les larmes faisaient leur apparition. Si , il fût un temps où elle pouvait les contenir jusque dans l’intimité de sa chambre, le soir, il n’en était plus rien depuis des semaines.
Si profondément meurtrie, abîmée, détruite ; puisant de plus en plus profond en elle, pour trouver la force de continuer !
On lui disait que la lumière reviendrait, que cela irait mieux, qu’elle referait sa vie !!!
Des mots qui se voulaient réconfortants mais autant de coups de poignard, lui rappelant sa solitude. Et aux quelques derniers téméraires qui la questionnaient encore, elle avait repris l’habitude de répondre que « ça allait » !
A quoi bon répondre autre chose, un jour cela finirait par être vrai !
Elle était réaliste, 4 enfants à charge , des choix de vie singuliers, elle ne pouvait compter sur son physique , et encore moins sur son esprit, n’étant plus que l’ombre d’elle même ! Si tant est qu’un homme assez fou puisse être intéressé, où l’aurait-elle rencontré ?
Elle qui se refusait à toute sortie, se contentant très bien d’un cercle social restreint !
La vie n’avait pas toujours été tendre avait elle, et pourquoi cela changerait. Au fil des ans, elle avait érigé une forteresse autour d’elle , se protégeant, repoussant au loin tout ce qui pouvait la faire souffrir. Pleinement consciente qu’à tout moment elle pouvait se trouver prisonnière de ses murs infranchissables, de cette carapace inviolable.
Sans amertume, ni regret, elle assumait parfaitement ses décisions , elle avait fait avec ce que la vie lui avait donné ! Elle s’était battue pour cette vie, pour cette liberté. Elle avait au cours des derniers mois, franchi toutes les épreuves, un pas après l’autre, un jour à la fois.
Depuis quelques jours, elle sentait un poids en moins sur ses épaules , » La douleur ne disparaît pas , on apprend juste à vive avec ! « voilà c’était ça !
Elle avait cessé de lutter pour accepter l’inacceptable, elle avait assimilé cette terrible douleur, pour ne faire plus qu’une avec.
Elle avait traversé le pire et en sortait victorieuse , j’avais seulement perdu une partie de mon âme !
Madame, je ne vous connais pas mais bon courage.
merci
Je te souhaite tout le courage, la force et la douceur que t’as besoin pour passer au travers ton grand deuil et le rétablissement pour soigner ta dépression.
D’une autre Cindy du Québec Xxx
Le sam. 29 août 2020 à 15:18, chouette y a plus ecole a écrit :
> > > > > > > Cindy posted: » > > Elle faisait face à sa seconde dépression, et comprenait seulement > aujourd’hui que ce qu’elle avait enduré il y a 25 ans, en était déjà une. > > Elle était bien moins violente à l’époque, peut-être parce que elle était > plus jeune, plus en forme, moins abîm » > > > >
merci
J’en ai des frissons…
Je ne te connais pas mais l’image que j’ai de toi à travers ce blog que je suis depuis des années c’est celle d’une femme forte, indépendante et persévérante.
Tu as bien sûr tes faiblesses comme tous les êtres humains, mais tu es admirable et tu mérites l’amour et la reconnaissance… de la part de toi-même en premier lieu.
Prends bien soin de toi et de tes enfants ❤️
Merci emilie ,ce n’est pas la première fois qu’on me dit ça et pourtant je n’ai pas l’impression d’être si forte que ça
Ma Très Chère Cindy ð
Cela fait assez longtemps que je mâétais intéressée à ta newsletter, sans pour autant faire lâIEF ð
Jâai donc pu lire tes épreuvesâ¦Ã§a fait si longtemps que je voulais tâécrire, mais pour ça il fallait que je puisse être légère ! (Comme mon amie lorsque sa fille est morte dâun cancer -tumeur au cerveau- la veille de ses 6 ans et surtout LE jour de lâAïd El Kebir, qui est LA grande fête ! Jâétais si mal pour mon amie, quâil était hors de question que je mâeffondre au téléphone -400kms nous séparent- jâai donc attendu 3 semaines avant de lâappeler, ça tombe bien elle ne mâa fait aucun reproche puisquâelle a du aller lâenterrer au « bled »â¦)
Mais je me refuse de pleurer avec toi ð
Si tu savais à quel point jâaurais aimé être ta voisine !!!
Tu ne me connais pas, mais franchement je tâaurais harcelé tous les jours ð
Jâaurais embarqué ma fille Soumaya, voire notre cochon dâInde Speedy ð et nous tâaurions rendu visite tous les jours, ne serait-ce que pour tâapporter un bon pain chaud, croustillant, à peine sorti du four, ou bien quelques cookies bien gras et moelleux, histoire de sâépaissir un peu en prévision de lâhiver ð
Et puis tu nâas jamais goûté mes confitures ð fraises-menthe ou poires-gingembreâ¦humâ¦
Pendant le confinement, nous nous serions invitées en catimini des voisins, et nous aurions pu réviser notre espagnol en se dandinant sur « resistiré » ð au passage excellentes révisions pour le subjonctif ð
En plus jâaurais pu te chiper quelques pissenlits pour notre Speedou ð
Bien évidemment tu aurais pu compter sur mon aide pour ton quotidien, tâaider dans tes tâches aussi ð Et surtout être une épaule sur laquelle je tâaurais obligée à vider ton sac, à te lâcher, et à pleurer encore et encore !
Quand mon père est mort, câétait un 13 juillet 1999, jâavais alors 28 ans. Il venait de passer 3 semaines à lâhôpital. Ce qui était au départ un mal de dos, était en fait un cancer généralisé ð Si tu savais à quel point je suis heureuse quâil soit finalement partit aussi « vite »â¦A cette époque, étant fille unique, jâai pris ma mère en charge administrativement bien évidemment ! Elle refusait que je vienne dormir chez elle, devant « sâhabituer » à son absence !
Mais honnêtement le coup de massue est tombé en novembre ! Et là , jâai réalisé sa mort ð
Tout ça non pas pour te dire que tu nâas pas à te plaindre ! Non certainement pas ! Très loin de moi cette idée ! Juste pour te dire que je peux essayer de te « comprendre » sans avoir vécu pour autant TON épreuve !
Tu sais tu as une merveilleuse écriture ! Personnellement je suis de ceux/celles qui pensent que lâécriture peut être un exutoire ! As-tu songé à écrire, écrire et écrire, histoire de « vider ton sac » ?
Nâas-tu pas de famille sur qui te reposer quelques mois ? Moi non, mais peut être que cela pourrait être ton cas ð
Nâoublie pas que les saisons de transitions sont celles où lâon déprime le plus et là on est dedans ð
Perso quand je broies du noir, mais comme je nâai pas « le temps » de mâapitoyer sur mon sort (comme toutes les mamans), je me « shoote » au magnésium ð Nous les femmes sommes souvent carencées, ne serait-ce quâà cause de nos menstrues, durant lesquelles on perd trop de bonnes choses, donc dâoffice à cette période, avant, je me faisais ma petite cure de magnésium/vitamine Câ¦
Dès le 2ème jour je ressentais déjà les effets positifs et retrouvais le sourire ð
Ma Chère Cindy, même si nous ne nous connaissons pas, saches que tu es dans mon cÅur ð et que je te souhaite de rebondir pour aller encore plus de lâavant !
A défaut de pouvoir te prendre dans mes bras et de te serrer très fort, jâespère tâenvoyer du positif, même si jâai une écriture très maladroiteâ¦
Gros gros bisous ! Et au plaisir de te lire ð ð
Soraya
Provenance : Courrier pour Windows 10
Vous êtes une personne merveilleuse, courageuse et une super maman.
Je suis de tout coeur avec vous.
Sylvie